MANU LODS : Rez-de-chaussée / L'Écureuil / Vert Parisien / Claire D'Angleterre / Le String / A Palavas-les-flots / Cucul / Je Regarde Tomber La Pluie / Grand-maman / Tati / Vespa Davidson / Le Pardessus. Il y a comme ça des disques qu'on met distraitement dans le lecteur de sa voiture, et qui vous accrochent immédiatement. Une maturité, un ton amusé ou nostalgique, un style de texte, une couleur musicale, et un genre de sujets traités motivent impérativement une seconde écoute ! |
On est sous le charme d'une voix bien placée qui pose des histoires concrètes sur des mélodies dont on ne changerait pas une note. C'est le cas du CD de Manu Lods. Ce type à l'allure bonhomme et un peu bourrue sur la pochette, cache bien son jeu : il trousse des portraits très subtils, porte sur les choses et les gens un regard tendre et réjoui, ne prend jamais rien au tragique et injecte de l'humour dans toutes les situations. Et à chaque fois qu'on relance le disque sur la platine, c'est une plage différente qui fait mouche. Tiens, cette
Claire d'Angleterre aux yeux pers, on voit ses rousseurs
dans les gammes du piano, on tâte ses montgolfières en
trompette, on sent son vétiver dans les effluves de clarinette,
et on en tombe amoureux : elle est parfaite ! Et ce petit Ecureuil,
on l'imagine concrètement allant, bon cœur, visiter et réconforter
en taule son ancien amant. Et encore cette Grand-Maman,
on regrette de l'avoir connue trop aigrie, trop âgée, trop
tard pour pouvoir l'aimer. Même cette Cucul (adoptée,
lors des concerts de Bernard Joyet, par Nathalie Miravette la superbe
pianiste aux quarante doigts) est plus attachante que les hommes qui
pourraient tourner autour. Et puis Chantal, son beauf Paulo et leur
lardon sont sympathiques jusque dans leurs galères A
Palavas-les-Flots. Ou ce bruyant petit Rez-de-Chaussée
miteux, il se transforme en nid d'amour où on se réincarne
en String pour se retrouver toujours aux premières
loges ! Et quand Manu Lods aborde des problèmes plus graves,
il adopte quand même un ton léger pour évoquer les
petites beurettes piquant chez Tati, ou nostalgique
pour regretter les beaux arbres des boulevards parisiens. Il sait aussi
se montrer très émouvant dans la dégringolade consécutive
à un amour cassé (Le Pardessus) ou dans
le souvenir du visage laissé sur le quai qui se dessine dans
les vitres mouillées (Je regarde la pluie tomber). François BELLART -
12/05 |